De septembre 1905 à septembre 1907 [113], avant la prolongation de la ligne de tramway Bellecour-Méridien, Charbonnières et Tassin sont le lieu de la première expérimentation française de trolleybus à perches que l'entrepreneur Charles Nithard met en circulation sur le tronçon Tassin-les-trois-renards le-Méridien. Cet entrepreneur est originaire de Mulhouse, il quitte l'Alsace à 17 ans et comme ses parents patriotes, refuse la nationalité allemande, ils s'installent à Lyon en 1888 [114]. Jeune ingénieur formé à Bâle spécialisé en électricité et transports, bilingue, il va pouvoir appliquer en France les techniques germanophones [115]. Le 27 septembre 1903 le conseil municipal de Charbonnières vote à l'unanimité en faveur de son « tramway électrique sans rails, à prise de courant aérienne » face à deux projets de tramway sur rails. Charles Nithard propose accessoirement d'installer l'éclairage électrique sur la commune, ce que le conseil municipal accepte en octobre 1903. La petite Société de transport et d'éclairage électrique de Charbonnières-les-Bains est créée avec pour principaux actionnaires locaux les entreprises de maçonnerie (dont les frères Momet) et le M. Streichenberger marchand de charbon (pour fabriquer l'électricité) [116]. Charles Nithard, malgré la légende, n'est pas l'inventeur, il importe un modèle de trolley conçu par l'entreprise de Max Schiemann (de), l'origine allemande de ce véhicule restera confidentielle compte tenu du caractère inamical que la France entretient avec ce pays à l'époque [117], ou autrement dit, du chauvinisme anti-allemand [118]. L'échec de l'exploitation de ce trolley est essentiellement dû au manque de rentabilité, les riches propriétaires habitant le quartier du Méridien ne l'utilisent pas en hiver, le Casino à cause de des trafics malhonnêtes n'a pas ouvert pendant les saisons 1905 et 1906, et le train devient un concurrent de poids, la halte des Flachères est inaugurée en novembre 1906. Pour que cet échec n'entache pas son avenir Charles Nithard, n'avouera pas son fiasco financier et laissera accroire que l'arrêt de l'exploitation du trolley est dû à une interdiction à la suite de la mort d'un élagueur électrocuté pour avoir sanctionné un des câbles électriques [119]. Alors que l'accident, bien réel, n'est arrivé qu'en 1911, quatre années après l'arrêt de l'exploitation du premier trolleybus à perches de France [120]. Cet échec n'enlève rien à l'exemplarité de l'innovation technique et les deux communes de Charbonnières et Tassin ont choisi, en 2013, de la commémorer en donnant le nom de Charles Nithard au rond-point situé sur la route de Paris à la limite des communes. Mais même si l'on retrouve parfois le nom sur certains plans, l'inauguration n'a pas eu lieu et le rond-point a été débaptisé car en apprenant la conduite sous l'occupation, de Charles Nithard, administrateur de biens juifs, cela ne permet plus la célébration [121].