1. (Anatomie) Viscère spongieux renfermé dans l'intérieur de la poitrine et qui est le principal organe de la respiration.
TOINETTE : Qui est votre médecin ? ARGAN : Monsieur Purgon. TOINETTE : Cet homme-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi dit-il que vous êtes malade ? ARGAN : Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate. TOINETTE : Ce sont tous des ignorants. C'est du poumon que vous êtes malade. ARGAN : Du poumon ? TOINETTE : Oui. Que sentez-vous ? ARGAN : Je sens de temps en temps des douleurs de tête. TOINETTE : Justement, le poumon. ARGAN : Il me semble parfois que j'ai un voile devant les yeux. TOINETTE : Le poumon. ARGAN : J'ai quelquefois des maux de coeur. TOINETTE : Le poumon. ARGAN : Je sens parfois des lassitudes par tous les membres. TOINETTE : Le poumon. ARGAN : Et quelquefois il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c'étaient des coliques. TOINETTE : Le poumon. Vous avez appétit à ce que vous mangez ? ARGAN : Oui, monsieur. TOINETTE : Le poumon. Vous aimez à boire un peu de vin. ARGAN : Oui, monsieur. TOINETTE : Le poumon. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir ? ARGAN : Oui, monsieur. TOINETTE : Le poumon, le poumon, vous dis-je.
(Molière, Le Malade imaginaire, acte III, scène 10)
2. Chacune des deux parties qui forment cet organe et qui sont séparées l'une de l'autre par le médiastin et par le coeur.
Bert portait toujours ce plastron ; c'était sa chimère favorite, créée par une somnambule extra-lucide qui avait déclaré au jeune homme qu'il avait les poumons faibles.
(H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d'Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 102 de l'éd. de 1921)
La Girafe, excitée à fuir, se presse, s'emporte, [?] ; mais elle ne soutient point longtemps cet effort, qu'elle ressent comme une fatigue : c'est que ses poumons n'ont pas assez d'ampleur ; défaut que révèle la petitesse du coffre qui les contient.
(Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Quelques Considérations sur la Girafe, 1827)
Malgré mon obésité, je marchais allègrement, tout heureux de décrasser mes poumons à cet air limpide, à cet air lustral des belles nuits d'été...
(Octave Mirbeau, Le colporteur,)
[?], tout à coup, comme si le son s'évadait brusquement du tournant de la montagne, on entendit des voix hurlantes, beuglant de tous leurs poumons, aussi faux que possible: [?].
(Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
J'essayais, en contractant le gosier, d'absorber le moins possible d'eau et de résister à l'asphyxie en retenant le plus longtemps que je pouvais l'air dans mes poumons. Mais je ne pus tenir plus de quelques instants.
(Henri Alleg, La Question, 1957)
C'est ici seulement que l'homme sent l'air pénétrer facilement dans ses poumons, qu'il vit, qu'il pense.
(Gustave Aimard, Les Trappeurs de l'Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)