1. Avec innocence, sans dessein de mal faire.
Présentement que je vois qu'il ne sert de rien de vivre innocemment et de son mieux ; que les méchants n'ont qu'à inventer pour être crus, bien qu'on connaisse et leur noirceur et leur mauvaise foi.
(Lettre de Madame, 2e femme du frère de Louis XIV, dans Revue German. t. XXI, p. 184)
Tandis qu'innocemment, sans malice, comme un pauvre mouton.
(Molière, Préc. sc. 10.)
Notre P. Bauny a bien appris aux valets à rendre tous ces devoirs-là [les services dans toutes sortes d'intrigues] innocemment à leurs maîtres, en faisant qu'ils portent leur intention, non pas au péché dont ils sont les entremetteurs, mais seulement au gain qui leur en revient.
(Blaise Pascal, Provençal VI.)
La simplicité d'une vie particulière qui goûte doucement et innocemment ce peu de biens que la nature nous donne.
(Jacques-Bénigne Bossuet, Duch. d'Orl.)
Ils jouent innocemment et aussi lestement que de petits chats.
(Georges Louis Leclerc, Quadrup. t. III, p. 387, dans POUGENS.)
L'amour innocemment est entré dans mon coeur.
(Ducis, Abufar, III, 6.)
L'ignorance d'une fille est cause qu'elle s'ennuie, et qu'elle ne sait à quoi s'occuper innocemment.
(François de Salignac de la Mothe Fénelon, Éduc. filles, ch. II.)
Il n'a jamais su rire innocemment.
(Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, Veillées du chât. t. III, p. 20)
Ses erreurs, ses écarts [de Louis XIII] vinrent d'un mauvais choix Dont il fut trop longtemps innocemment complice.
(Pierre Corneille, Sonnet sur Louis XIII.)
Vous en êtes la cause encor qu'innocemment.
(Pierre Corneille, Poly. IV, 5.)
2. Niaisement, sottement.
Ici un vieillard tuberculeux tisonnant un poêle et prolongeant son agonie tout en criblant innocemment de ses bacilles les tout petits confiés à sa garde.
(Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
Il tombe encore innocemment dans la même faute [?] aussi est-ce un bon homme.
(René Descartes, Remarque sur les 7e object. 7.)