1. Oisiveté, flânerie, action de ne rien faire.
Cependant l'atmosphère de flemmardise qui y régnait, entretenue par les jeux de cartes, la propension à ne travailler qu'un jour sur trois et les récits interminables d'anecdotes semées de pépites et de trésors, finit par influer sur moi : je me mis à mon tour à ne plus travailler.
(Aleksandr Grin, Sur terre et sur mer, 1996)
2. Action de flâner.
Cette fantasmagorie, où elle apparaît tantôt comme un paysage, tantôt comme une chambre, semble avoir inspiré par la suite le décor des grands magasins, qui mettent ainsi la flânerie même au service de leur chiffre d'affaires.
(Walter Benjamin, Baudelaire ou les rues de Paris dans Paris, capitale du XIXe siècle, 1939)
La chanson des lèvres a fait place à je ne sais quelle musique mécanique; la flânerie ? ce sourire de la démarche ? a cédé le pas à la presse et à l'essoufflement.
(Maurice Bedel, La nouvelle Arcadie, 1934)
La principale occupation entre les repas consistait, pour mon ami Vincent Desflemmes, en longues flâneries par les rues, par les boulevards, par les quais et plus généralement par toutes les artères de la capitale.
(Alphonse Allais, À se tordre : L'Embrasseur, Paul Ollendorff, 1891, p. 101)
Un certain vague qu'on a dans l'esprit pousse aux promenades nocturnes et aux flâneries étoilées ; la jeunesse est une attente mystérieuse ; c'est pourquoi on marche volontiers la nuit, sans but.
(Victor Hugo, L'Homme qui rit, J. Hetzel-Quantin, 1869, 2e partie, livre III, chap. 3)
3. État, habitude d'une personne qui est oisive, qui ne fait rien.
[?] il avait cette grâce aristocratique d'une race qui vit noblement puisque son labeur est un jeu, un luxe de son oisiveté.
(Pierre-Henri Simon, Celle qui est née un dimanche, 1952)
Seuls, l'allumeur de l'unique réverbère du pôle Nord, et son confrère de l'unique réverbère du pôle Sud, menaient des vies d'oisiveté et de nonchalance : ils travaillaient deux fois par an.
(Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Reynal and Hitchcock, New York, 1943)
[?]?; le gros Léon, qui avait épousé une femme riche, ne faisait rien, ses trois mille francs de rente lui permettant l'oisiveté.
(Louis Pergaud, Un renseignement précis, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
[?] il ne voulait pas cependant négliger ses autres occupations et nourrir dans la paresse une vingtaine de bandits qui d'un moment à l'autre, poussés par l'oisiveté, pouvaient lui jouer un mauvais tour.
(Gustave Aimard, Les Trappeurs de l'Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
Peut-être voulez-vous seulement occuper votre oisiveté de province par le spectacle des sottises que peut faire un poète ?
(Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
4. L'oisiveté désigne l'état d'une personne qui n'a pas d'activité laborieuse. Selon les époques, selon le contexte, la notion d'oisiveté est associée soit à une valeur, celle de l'otium antique, cultivée par l'aristocratie, soit à la paresse, à l'inutilité, dans une société sacralisant le travail. Elle est revalorisée par les sociologues et les philosophes modernes et contemporains comme instrument de lutte contre la productivité déshumanisante.
5. Action de fainéanter.
Macquart, assis sur le meilleur siège, se renversait voluptueusement, sirotant et fumant, en homme qui savoure sa fainéantise.
(Émile Zola, La Fortune des Rougon, 1870)
Vivre, demeurer dans la fainéantise.
6. Oisiveté à laquelle on prend plaisir.
Ne soyez point en peine de mon séjour ici ; je m'y trouve parfaitement bien ; j'y vis à ma mode ; je me promène beaucoup ; je lis, je n'ai rien à faire, et, pour n'être point paresseuse de profession, personne n'est plus touchée que moi du farniente des Italiens.
(Madame de Sévigné, Lettre à Mme de Grignan, 16 septembre 1676)
Se livrer aux douceurs du farniente.
7. Mauvaise orthographe de désoeuvrement.
8. État d'une personne désoeuvrée.
La marquise trouva des distractions à sa profonde tristesse, et s'occupa par désoeuvrement de sa terre, où elle se plut à ordonner quelques travaux.
(Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, La Femme de trente ans)
9. En psychiatrie, pratique de déplacements, voyages plus ou moins lointains, au hasard, sans but précis, sinon le changement et la problématique recherche d'un milieu d'accueil plus favorable, surtout de la part de l'adolescent. [Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine]
10. Tendance à des déambulations durables, sur de longues distances, sans autre but que le voyage lui-même.
Seules errances d'amour sont dignes d'un pardon. - Miguel de Cerventès
11. Habitude de vagabonder.
Ordonnance contre le vagabondage.
12. Le vagabondage désigne communément le style de vie de celui qui vit de manière permanente sans adresse et sans emploi fixe, volontairement ou non, le « sans feu, ni lieu », errant de ville en ville, à la différence du mendiant qui se fixe sur un territoire. Les passeports ont souvent été des moyens de répression à l'égard du vagabondage et autres sans-papiers ou « gens sans aveu ». Juridiquement, le vagabond était souvent celui qui était inconnu dans l'endroit où il se trouvait, qui ne possédait aucun passeport ou autre certificat d'identité ou de bonnes moeurs, et ne pouvait se faire « avouer » (reconnaître) par quelqu'un (curé d'une autre paroisse, etc.). Le vagabondage était alors lourdement réprimé; le délit de vagabondage n'a disparu du droit français qu'en 1992.
13. Disposition à l'inactivité ou à l'évitement du travail et de l'effort.
Cependant l'atmosphère de flemmardise qui y régnait, entretenue par les jeux de cartes, la propension à ne travailler qu'un jour sur trois et les récits interminables d'anecdotes semées de pépites et de trésors, finit par influer sur moi : je me mis à mon tour à ne plus travailler.